Pour Carl Jung, le corps et la psyché sont les « deux côtés d’une seule et même pièce ». Ils sont inséparables et en contact continu. Cette compréhension a ouvert la voie vers une reconnaissance et une appréciation du féminin.
Ce concept d’unité se base sur l’approche des médecins philosophes du passé ayant oeuvré à une époque où l’âme et le corps n’étaient pas encore divisés entre différents domaines scientifiques.
La Renaissance qui commença au 12ème siècle fut provoquée par les traductions en latin d’oeuvres scientifiques et philosophiques grecques et arabo-musulmanes, notamment celles d’Avicenne, Hippocrate, Galien, Théophraste, Zosime de Panopolis.
Très tôt dans sa carrière, Jung avait étudié ces textes de même que de nombreux traités des alchimistes du Moyen Age, ainsi que des œuvres plus tardives comme celles de Paracelse, Michael Maier, et Maître Eckhart.
Pour Jung, « le corps ne peut pas être compris comme un simple amas de matière inerte, mais il doit être considéré comme un système matériel prêt pour la vie et qui rend la vie possible avec la condition que ce système ne peut pas vivre sans l’ajout d’un ‘existant vivant’ nécessaire à la vie, c’est-à-dire le facteur psychique ».
Cet « existant vivant » est « équivalent au facteur psychique que nous expérimentons directement dans notre conscience humaine appréhendé par les sens ». Ce facteur « exprime la quintessence de la vie ». « Il se manifeste extérieurement en tant que corps matériel, mais intérieurement par des séries d’images des activités vitales ».
Ainsi, la psyché doit être comprise « comme un système ayant un but, comme une organisation pas simplement de matière prête pour la vie, mais de matière vivante ou plus précisément de processus vivants ». La totalité d’un être humain englobe donc le corps et la psyché consciente et inconsciente. Autrement dit, la matière sans l’esprit est un corps mort et l’esprit sans la matière est un fantôme.
Dans ce contexte holistique, la psychothérapie Jungienne prend en compte l’évaluation complète des symptômes. Elle cherche à comprendre non seulement le symptôme lui-même, son sens, sa direction, mais aussi les intentions et les autres processus psychologiques qui se cachent derrière lui, reflétant l’effet de l’esprit sur le corps et vice-versa.
Un autre point important développé par Jung est la compréhension de la maladie. Comme expliqué dans « A quoi sert le rêve ? » l’inconscient compense ou complète la conscience parce que la psyché cherche naturellement l’équilibre entre les deux. Il en est de même entre la psyché et le corps.
Le paradoxe, c’est que la maladie est aussi une panacée. Elle contient à terme non seulement sa propre guérison, mais aussi la graine de la guérison de la personnalité entière. Toute guérison physiologique est à la fois cause et effet d’une transformation de la conscience.
Pour Jung, la maladie n’est jamais vide de sens. Elle signifie une tentative de guérison.