La psychologie est entrée de bonne heure dans ma vie. Vers l’âge de huit ans je lus « L’Enfant et sa famille », « L’Enfant et le monde extérieur », « Processus de maturation chez l’enfant » de Donald W. Winnicott.
Dans ces livres, je trouvai une approche psychologique de l’éducation qui résonna profondément en moi : elle avait du sens, je pouvais la comprendre, et elle correspondait à la manière que je m’étais imaginée un adulte se comporterait avec un enfant.
Ces lectures me permirent de réaliser qu’il y avait d’autres modes d’éducation bien différents de, et meilleurs que celui pratiqué à la maison. Elles me furent très utiles plus tard lorsque je me suis occupée d’enfants.
Mes premières études furent dans le tourisme et les arts – domaines qui me correspondaient bien car j’étais portée vers les voyages et sensible à l’esthétisme. Ils m’amenèrent à voyager et travailler en France et à l’étranger.
Lorsque mon mariage commença à battre de l’aile je retournai vers la psychologie. C’est à New York que j’entrepris ma première analyse Jungienne. Elle a été un formidable outil de découverte et de transformation. Quand je regarde ma vie aujourd’hui, je vois deux parties : avant et après mon analyse.
Le moteur principal a été la souffrance, mais aussi la curiosité et la recherche de vérité. Le processus d’individuation m’a fait prendre conscience qu’avant je vivais sur des bases faussées, que je m’étais appuyée sur un Moi déformé et contrôlé par des énergies dont j’ignorais l’existence, et qui produisaient confusion et douleur.
Le travail en profondeur m’a changé parce que j’en suis ressortie différente, et en mieux. J’ai vécu l’expérience de transformation comme s’il s’agissait d’une graine dont je devais prendre soin afin qu’elle puisse germer, se développer, et devenir un arbre avec toute sa force de vie.
Du coup, les arbres ont pris non seulement une signification symbolique importante, mais ils sont aussi devenus des êtres à part entière dans mon processus en jouant un rôle déterminant dans certaines prises de conscience.
L’analyse des rêves était vraiment ma tasse de thé. Me libérer d’identifications inconscientes dégagea une grande énergie. La psychothérapie Jungienne me donna un sens plus équilibré et plus paisible d’être vivante, et me permit de faire face à la vie et à l’inconnu de manière plus confortable.
Ayant acquis de nouveaux outils, la question du sens de ma vie devint plus importante. Je démissionnai de mon poste et partis à Santa Fe en vue de concrétiser un nouveau projet. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. La seule chose que je savais c’est que la peur ne me tenait pas au ventre et que j’étais confiante.
Le projet en question avait rapport avec l’art Amérindien – un retour à l’un de mes domaines préférés. Au Nouveau Mexique, « la terre d’enchantement » – ainsi appelée à cause de ses couchers de soleil somptueux – je me familiarisai avec la peinture, sculpture, et poterie, tout en ayant simultanément plusieurs jobs.
L’interprétation de mes rêves continua d’avoir de l’importance. Leurs contenus devinrent différents de ceux que j’avais eus à New York : ils parlaient « d’une autre voie », « d’un retour aux études », « d’écrire une thèse » ou « de rencontrer le professeur Jung ».
Un jour, une pensée traversa soudainement mon esprit, et sa force me secoua : « je devais devenir analyste Jungienne ». Après avoir reçu les documents sur la formation à Zürich, ma première réaction fut de mettre l’idée de côté car ce qui était requis me semblait impossible.
Également, je résistai parce que le projet de départ n’était pas arrivé à terme. Mais les rêves devenaient plus précis comme s’ils signifiaient que je devais effectuer un changement. Finalement, j’acceptai de suivre « l’autre voie » et revint en France. A quarante ans, j’embarquai pour quatre années d’études à l’Université de Nancy et cinq à l’Institut C. G. Jung de Küsnacht/Zürich.
L’Institut m’accepta bien que je n’aie pas de Maîtrise, mais il était obligatoire de l’obtenir avant la fin de la formation. Malgré cet obstacle, je savais que j’étais sur la bonne voie. Et de nombreuses synchronicités soutenaient mon processus.
Il y avait énormément d’énergie à ma disposition, ce qui permit un investissement total dans mon processus d’individuation ainsi que dans les études que j’appréciais et qui se sont très bien passées.
C’est seulement plus tard que je pris conscience que l’ego voulait aller dans une direction, mais que le Soi voulait aller dans une autre. Le retour à l’art m’amena vers le retour à la psychologie. C’est à Santa Fe que s’est révélée ma vocation.
Ainsi, la « Boule de feu » qui était apparue dans les rêves à New York avait trouvé un sens et une expression dans les études. Maintenant, être analyste Jungienne est en accord avec ma vie et m’aide à donner le meilleur de moi-même.